Monuments aux Morts

1925, Inauguration du nouveau monument aux morts

"Au moment de l'élévation, les clairons de La Stéphanoise déchirent les voûtes de l'église..." en cette cérémonie religieuse du 15 novembre 1925, la ville de Montoir inaugure son monument élevé à la mémoire de ses 169 héros, tombés au cours de la grande guerre. 

Le programme de la journée, arrêté par le comité, est le suivant : 9h30 réception en Mairie suivie à 10h00 par la célébration de la Messe. Après la cérémonie religieuse, le cortège se formera dans l’ordre suivant : La Stéphanoise, avec ses tambours et clairons, Les enfants des écoles, l’Harmonie Saint-Joseph, les diverses sociétés d’anciens Combattants, Mutilés, Prisonniers de Guerre, les Frères de Combats de Montoir, les autorités militaires et civiles.   A 11h30, Bénédiction du Monument, appel des noms des enfants de Montoir morts pour la France, puis place aux discours de l’Inauguration.    A 13h00 banquet à l’hôtel du Commerce (la souscription est fixée à 15 francs).

Cette journée est l’aboutissement d’un long parcours. 

Tout à commencé lors du Conseil Municipal du 10 décembre 1922, lorsque le Maire, Mr. Bertho, donne lecture d’une lettre par laquelle Mme. Veuve PEILLAC, pour satisfaire au désir de son mari, adresse la somme de 100 francs pour sa participation au monument des Morts de la Guerre. Le conseil adresse ses remerciements à Mme Peillac, et forme aussitôt un groupe pour s’occuper de la question de ce Monument. Sont désignés : MM. Bertho, Briand, Meignen, Cléroux, Cadiet.
Le 6 février 1923, dans la grande salle de la mairie, le Maire réuni ce groupe d’élus, des personnalités et des membres de la société des « Frères de Combat », afin de constituer un comité chargé d’étudier et de mettre à exécution un projet de monument en souvenir des Morts de la Grande Guerre.

Constitution du comité : Présidents d’honneur MM. Dr Labour et Joseph Hémery, anciens maires de Montoir, l’abbé Bernard Curé. Président M. Bertho maire de Montoir ; Vice-Présidents MM. Briand premier adjoint et Bertret président de "Frères de Combat" ; Trésorier M. Leroyer notaire; Secrétaire M. Moreau instituteur; Secrétaire adjoint M. Frin ; Membres MM. Prampart, Cohas, Frénay, Broussard, Moinard, Meignen, Lecoq, Mercier, Corbé, Lebeau, Lairet, Guillet, Droneau, Ducoin, Roussel, Ricordel, Cléroux, Grouhand, Nicolas.

Lors de sa réunion du 17 février 1923, le comité se questionne sur l’emplacement du monument. La question fait débat et les avis très partagés. Les uns voulant le monument sur une place publique de Montoir, les autres voulant maintenir l’emplacement au fond du cimetière comme promis par la municipalité aux familles des morts. La discussion du comité reflétait bien l’opinion des Montoirins sur ce point. En effet un sondage fait auprès de 70 Montoirins donne 35 pour le cimetière et 35 contre.
Une idée est finalement soumise et acceptée par le comité : le futur monument aux morts sera érigé au cimetière, non plus au fond mais près de l’entrée et de telle façon qu’il sera très visible de la rue. L’entrée du cimetière sera modifiée en conséquence.
La forme du Monument, que le comité veut imposante et sortant de la banalité, sera subordonnée aux ressources financières dont il disposera. Il est déjà assuré de la participation importante de la commune et espère une subvention de l’état. Mais pour que le monument soit digne de nos héros, il faut aussi que chaque famille participe et le comité fait appel à la population pour que les souscriptions soient nombreuses et élevées.

Dès le 29 avril 1923, le Patronage Saint-Étienne et sa troupe de théâtre organise des «  séances patriotiques  » au profit du Monument aux morts de la Grande Guerre. (Ci-dessous extrait du "Petit Messager")

Mais, lors de sa réunion du 25 novembre 1923, le comité doit reconnaître que l’entrée du cimetière, emplacement choisi en février pour édifier le Monument, entraîne des travaux de terrassement considérables, modifie en grand l’entrée du cimetière, et déplace des tombeaux, bref sacrifie 15000 francs avant de poser la première pierre du Monument.
Le comité décide donc de faire ériger le Monument aux Morts dans le pré communal de l’Air-sain.

Novembre 1924, ça y est, la décision est prise et les contrats sont signés. «  Ce monument de toute beauté sera dû au ciseau du jeune et talentueux avec le sculpteur angevin René Guilleux… Le Monument représente un groupe de deux poilus symbolisant l’héroïsme et et la charité du vrai poilu… Qui pouvait-on choisir autre que Guilleux, ce petit poilu de France frappé glorieusement au poumon par une balle teutonne ? … mieux que tout autre il pouvait exécuter l’œuvre répondant à l’idée du comité... » (Extrait du Nouvelliste-de-Bretagne du 29 novembre 1924 - photo ci-dessous)

Je Ralle, Je Ralle (Extrait "Le Courrier de Saint-Nazaire" du 20 décembre 1924)
On m’appelle le Râleur-Montoirin, oui... j'ai toujours quelque chose à dire. Je rouspète constamment. C’est un de mess principaux défauts, mais quand il faut défendre quelqu’un, je sais lui accorder ma plume.
Il a été question, ces temps derniers d’incriminer le Président du Comité d’érection du Monument aux Morts, incrimination qui portait sur la signature du contrat, convenu entre le comité et le sculpteur, M. Guilleux. Je reconnais que Mr le Président a un peu hésité, et, du fait de cette hésitation à signer, a retardé la marche des opérations. Ce retard a indisposé un peu les esprits. Il fut un moment où je me demandais ce qu’il fallait bien penser de cette hésitation ? Maintenant ma religion est éclairée, M. le Président, avant la signature, voulait compléter où du moins terminer quelques formalités administratives. Tout est bien qui finit bien, M. le Président a signé... les contrats sont à l’enregistrement..... Le sculpteur Guilleux s’est mis au travail, en Montoir, l’an prochain, sera doté du monument souvenir – on dit même que comme cadre, ce monument aura un petit et coquet jardin avec massif de verdure et de plantes les plus diverses. Décidément, Montoir va s’embellir. Cet embellissement me fera-t-il regretter mon départ ? Signé Le Râleur-Montoirin, MAX.

La Souscription en faveur du Monument Commémoratif est ouverte
Le dimanche 25 Janvier 1925, une quarantaine d'anciens combattants et personnalités de Montoir, répondant à l’invitation de M. le Maire, se sont réunies dans la grande salle de la Mairie pour examiner les photographies de la maquette du futur monument commémoratif de nos Morts de la Grande Guerre. D'heureuses modifications de détails ont été apportées au premier Projet du sculpteur, de façon à donner satis action à tous. M. Guilleux, l’artiste d’Angers va s'employer activement à l’exécution de son projet et l’on a pu déjà envisager la date de d’inauguration du Monument. Il a été décidé, au cours de la réunion du 25 janvier, que la souscription devant hâter la réalisation du projet serait ouverte incessamment. Cette. Souscription commencera le 1er Février pour se terminer le 15 Mars.
Voici les noms des souscripteurs qui ont bien voulu accepter la mission de recueillir les offrandes et qui se présenteront chez vous, sans plus tarder : 
Route de Savenay MM. Julien' BROUSSARD et Joseph MERCIER.
Le Bourg, La Motte, La Taillée, Bratz, Gris MM. Pierre CADIET et Louis RIAUD.
Route de la Gare M. Léon MEIGNEN.
Région du Clos MM. Eugène GROUHAND et Auguste LECOQ.
Gron et Bellevue, MM. Eugène CHARRIER et Auguste LEGOQ .

A Loncé, la souscription a été recueillie depuis plusieurs mois par M. le Maire. M. Eugène Grouhand a, de son côté, déjà visité beaucoup de familles du Clos.
Chacun voudra réserver le meilleur accueil aux dévouée souscripteurs, et faire une offrande, suivant ses moyens, mais toujours très généreuse, en faveur de notre Monument commémoratif. C'est pour tous un devoir de reconnaissance de contribuer à l'érection de ce Monument qui perpétuera le souvenir de nos héros, lesquels généreusement, acceptèrent la mort pour que nous puissions continuer de vivre sous le beau ciel clair et libre de la France. Si votre cœur est noble et grand vous saurez même consentir un sacrifice pour que vraiment le Monument commémoratif soit digne de nos sauveurs et digne de la grande commune de Montoir. 

14 octobre 1925, l’œuvre de M. Guilleux est arrivée. Sous la direction de l’artiste, les ouvriers ont érigé le socle, puis les statues. On peut voir aujourd’hui le monument en place dans la prairie de l’Air-Sain. Il ne reste plus au sculpteur qu’à apporter les dernières retouches à son œuvre. On serait heureux aussi de voir disparaître les haies disgracieuses qui masquent à droite et à gauche le monument. L’inauguration du monument est prévue au 15 novembre prochain.

15 novembre 1925, jour de l’inauguration officielle du Monuments aux Morts . Le comité fait appel à la population de Montoir, et à toutes les bonnes volontés pour qu’elles fassent leur possible pour orner et pavoiser les maisons, surtout celles situées sur le passage du cortège qui se rendra au Monument. Les familles sont invitées à se procurer des fleurs et des couronnes, portées par les enfants des écoles pour être déposées au pied du Monument. (Ci-dessous Lire le compte rendu de la journée sur Le courrier de Saint Nazaire du 21 novembre 1925)



en 1916, Deux Monuments identiques pour Montoir et St-Malo

Par délibération du 6 août 1916, le conseil municipal vote un acompte de 650 francs pour l’édification de deux Monuments Commémoratifs l’un pour Montoir, l’autre pour Saint-Malo. 
Le 22 février 1920, le conseil municipal approuve le marché de gré à gré passé entre Mr.CADIET adjoint et Mr.MAUBERT sculpteur pour l’achat de deux monuments à édifier à la mémoires des soldats morts pour la France. Le monument en pierre compressée de Lorraine, de forme rectangulaire duquel se détache une France allégorique, le front couronné de lauriers, la main droite appuyée sur une épée, le bras gauche tendu au dessus  de la plaque qui doit porter le nom de nos soldats.  Au sommet « A nous le souvenir à eux l’immortalité » et sur le soubassement « A nos fils morts pour la Patrie ». Pendant son transport, le monument s’est brisé, on le reconstitua tant bien que mal et on l’érigea au fond du cimetière appuyé au mur de clôture. Le montant de la commande est de 1900 francs payable à Nice (Voir photo de la délibération)
Le 7 août 1920, l’assemblée municipale vote le devis concernant la gravure en or sur marbre des noms des Morts pour la France, sur les monuments de Montoir et Saint-Malo pour un montant de 1000 francs.

De l’avis de tous, il fallait un autre monument plus digne pour Montoir, mais la crise d’après guerre repousse la souscription nécessaire à l’édification d’un nouveau Monument. 

Il faudra pour cela attendre 1922 et le don de Madame Veuve PEILLAC.

" Frères de combat " de montoir

Le 21 novembre 1920, il est formé à Montoir-de-Bretagne, entre tous les Anciens Combattants de la commune , une association amicale régie par la loi du premier juillet 1901 qui prend le titre de "Frères de Combat".

Sa devise est : " Amitié et Souvenir".

La société "Frères de Combat" est déclaré le 13 janvier 1921 et publié au Journal Officiel du 10 février 1921. (voir photo extrait du J.O)

Emma Julie Bonnin, Veuve Peillac

Emma est née le 27 mai 1870 à Guérande (Loire-Atlantique), Careil, fille légitime d'Henri Charles BONNIN et de Jeanne Françoise CORLAY.

Elle se marie avec Eugène François LAJUS (‑1897) le 8 mai 1894 à Lavau-Sur-Loire (Loire-Atlantique). Emma Julie a 23 ans. Leur union a duré 2 ans et 10 mois.
Eugène François et Emma Julie ont un seul enfant connu :
• Andrée Emma LAJUS, née le 14 février 1895 à Montoir-De-Bretagne (Loire-Atlantique), décédée le 6 juin 1987 à La Baule-Escoublac (Loire-Atlantique), à l'âge de 92 ans. Elle s'unit avec Sébastien François BONNET le 23 décembre 1919.

Elle se marie ensuite avec Charles Émile PEILLAC (1877‑1922), Commerçant, le 5 juin 1902 à Montoir-De-Bretagne (Loire-Atlantique). Charles Émile a 24 ans et Emma Julie a 32 ans, elle est veuve depuis 5 ans et 2 mois. Leur union a duré 20 ans et 4 mois. Charles Émile et Emma Julie ont un seul enfant connu :
• Raymond PEILLAC, né le 13 décembre 1903 à Montoir-De-Bretagne (Loire-Atlantique), décédé le 13 janvier 1904 dans la même localité, à l'âge de 1 mois.

Charles Émile PEILLAC, Commerçant, est né le 3 novembre 1877 à Pontchâteau (Loire-Atlantique), et décédé le 20 octobre 1922 à Nantes (Loire-Atlantique), à l'âge de 44 ans. Il est le fils légitime d'Éloi PEILLAC (1841‑), Boulanger à Pontchâteau, et de Marie Françoise VIAUD.

Incorporé au 28ème Régiment d'Artillerie le 14 septembre 1898, matricule N° 6381, il passe Brigadier le 17 juillet 1899 puis Maréchal des Logis le 9 octobre 1900 et retourne à la vie civile.
Rappelé sous les drapeaux par le décret de mobilisation du 3 aout 1914, citation N°5 au 103ème Régiment d'Artillerie, Croix de Guerre Belge, Chevalier de l'Ordre de Léopold II, Médaille Commémorative de la Campagne d'Italie (Oct 1917).