Des Marins Montoirins Esclaves au Maroc (1701-1716)
Comme Robinson Crusoé en 1651, abordé par les pirates de Salé et esclave d'un Maure pendant 2 ans avant de parvenir à s'échapper sur un navire portugais, des marins Montoirins ont eux aussi endurés l’esclavage à Salé au Maroc.
La Capture des Montoirins par les Corsaires Salétins (Salé-Rabat) : En cette période l’activité maritime est marquée par la guerre de Succession d’Espagne soutenue par la France, s’opposant à l’Angleterre et à la Hollande, le commerce triangulaire, ainsi que par les nombreuses « course » ce qui, à l'époque, signifiait la poursuite d'autres navires pour s'emparer de leur cargaison. Cela était notamment le « sport national » de certains ports du Maroc comme « Salé » (Rabat), la cité corsaire et ses redoutés « corsaires salétins ». « Mon Dieu gardez-nous des Salétins » disait un rituel du diocèse de Coutances. Le Sultan Mûlây lsmâ’il, (voir note N°4) propriétaire et armateur d'une partie de la flotte salétine (comme le roi de France à la même époque prend des intérêts dans la course malouine), contrôle de bout en bout l’activité corsaire, qui est devenue pour lui un levier politique et économique, car la moitié du butin lui revient.
En juin 1701, le capitaine René Le Prêtre (LEPRESTRE) de Montoir, âgé de 33 ans, est de retour de Saint-Domingue commandant le navire « Le Gaillard », de Nantes 70 tonneaux appartenant au Sieur DANSSAINT. (Rapport du Capitaine René Leprestre)
Le 19 octobre 1701, toujours capitaine du " Gaillard ", René Le Prêtre (LEPRESTRE) repart de Nantes pour son deuxième voyage vers Saint-Domingue. Quelques semaines après son départ, au large des cotes de Barbarie, il croise la route d’un des bateaux de ces Corsaires Salétins. On imagine facilement l’affrontement entre les rusés et intimidants corsaires et les membres de l’équipage du "Gaillard". Le capitaine René Le Prêtre, (Leprestre) est fait prisonnier avec ses hommes et menés par les corsaires en esclavage à Salé
marins Montoirins faisant partie de l’équipage du Gaillard et pris par les corsaires en novembre 1701 :
René LEPRESTRE (Capitaine), né le mardi 6 décembre 1667 à Montoir section de St-Malo, est le fils légitime de Gilles LEPRESTE et de Julienne RICHARD. Il se marie avec Jeanne MAHÉ (1673-1728) le mardi 3 juin 1692 à Montoir-De-Bretagne (44550). Il est breveté capitaine en 1699.
Denis LEPRESTRE Matelot fils de Pierre Lepreste et Julienne Jouaud, mort en esclave à Salé en 1702.
Pierre CHARON, Matelot, beau-frère du Capitaine Lepreste, né le mardi 28 avril 1676 à Montoir-de-Bretagne, section de Saint-Malo-De-Guersac (44550) est le fils légitime de Germain CHARON et de Julienne DUPIN. Sa mère Julienne meurt le 27 mai 1690, Pierre est âgé de 14 ans. Son père Germain meurt le 23 octobre 1692, Pierre est âgé de 16 ans. Il se marie avec Jacquette LEPRESTE (la sœur du Capitaine René Leprestre), la fille légitime de Gilles LEPRESTE et de Julienne RICHARD, le mardi 1er juillet 1698 à Montoir-De-Bretagne (44550). Pierre CHARON décède à Malaga sur la route du retour en France, quelques mois après sa libération.
Charles JEHANEAU, Matelot, né le jeudi 16 juillet 1682 à Montoir-De-Bretagne (44550) - La Croix de Saint-Malo. C'est le fils légitime de Arthur JEHANEAU et de Élisabeth CHARON. Il se marie avec Perrine HALGAND vers 1718 à Montoir-De-Bretagne (44550). Il décède le dimanche 12 décembre 1723, à l'âge de 41 ans, à Montoir-De-Bretagne (44550).
Denis MOYON, Matelot, né le jeudi 30 juillet 1676 à Trignac en Montoir-De-Bretagne (44550) est le fils légitime de Denis MOYON et de Jeanne VINCENT. Il se marie le lundi 26 octobre 1699 à Montoir-De-Bretagne (44550) avec Guillemette MACÉ (1680-1731). Denis MOYON décède en septembre 1723, à l'âge de 47 ans, à l’hôpital de Nantes (44000).
Le Rachat des esclaves Montoirins
Depuis 1681, les Religieux de la Mercy œuvrent pour le rachat des Français esclaves dans les états du Roy du Maroc Mouley Ismaël, prince Barbare qui augmente autant qu’il lui est possible le nombre des esclaves Français afin de négocier leur rachat au prix fort. Dans les royaumes d’Alger, de Tunis et de Tripoli, les esclaves chrétiens appartiennent pour la plupart à des particuliers qui les achètent pour leur service et les revendent plus facilement l’esclavage est moins rude et le rachat plus facile.
Dans les états du Roy du Maroc, tous les esclaves chrétiens appartiennent à Mouley Ismaël prince sans foi, sans parole et qui se fait un point de Religion de tromper les Chrétiens qui font des traités avec lui et que les esclaves ont pour maître un Roy qui a tué de sa propre main ou fait tuer un nombre infini de ses sujets hommes, femmes et enfants. De là vient que l’esclavage y est plus rude et le rachat plus difficile et plus cher.
Entre 1704 et 1716, trois voyages sont organisés par les Pères pour la Rédemption (Religieux de la Mercy ) dans les états du Maroc pour y faire un rachat des Esclaves Français.
Le 27 janvier 1704, Basile Adrien, majordome des esclaves à Meknès, signe avec François Fibry, M.Coulet, G.Cavelier, L.Bley, F.Blanchard, Charles Boullé, René Leprestre, Michel Baron et Charles Jehaneaux une lettre adressée à Mr. Le Comte de Pontchartrain Ministre et Secrétaire d’État pour le remercier des secours qu'il leur avait envoyés et pour exprimer l'espoir qu'ils plaçaient dans le prochain voyage des rédempteurs. (Arch. Aff. étr. Maroc. Corresp. consul. ff. 274-275).
Malheureusement, aucun marin Montoirins ne sera du voyage au retour de Salé à Nantes ce 22 avril 1704. Seulement 12 esclaves prendront place à bord du « Patriarche » navire de Nantes, commandé par René DARQUISTADE (voir note N°1 et note N°3), bâtiment de 200 tonneaux et 24 canons, appartenait à un riche marchand de Nantes, Hallay Descazeaux qui armait pour le commerce d'Amérique et pour la course. Le voyage ne fut pas de tout repos et le « Patriarche » devra affronter les éléments déchaînés et finira sa course échoué sur un banc de sable au large de Paimboeuf. (Source A, page 132).
En Août 1706, un marchand français demeurant à Salé, le Sieur Étienne Pillet (voir note N°2), chargé par la République de Gènes de travailler au rachat des esclaves Génois, avec ordre d’offrir homme pour homme et rien davantage. Il alla donc à Miquenez au mois d’août et il convint du rachat de 18 esclaves Génois moyennant 730 piastres par tête et au même prix trois esclaves français dont deux, Michel Baron natif de St-Malo et Raymond Larbourie natif d’Oléron, arrivent à Cadiz début septembre 1706.
Le troisième, René Le Prêtre (Leprestre) natif de Montouer (Montoir) diocèse de Nantes est envoyé à Cadiz après les autres afin de garantir les conditions de ce rachat. Le père Forton donna 300 piastres pour Raymond et moi j’en donnai 960 piastres pour Michel et René, tous trois ayant satisfait au restant de leur rachat.
René Le Prêtre s’embarqua sur un bateau français qui s’en retournait à St-Malo et arrive à Montoir en mai 1707. (Archives départementales de Loire-Atlantique - Inscrits maritimes Cote C1141*- Quartier Croisic(Le) 1700-1732 vue 122/259).
En 1708, le sieur Pillet obtint encore la liberté de deux autres esclaves dont le nommé Denis MOYON, natif de Montouer (Montoir) qui coûta 630 piastres et un Maure et il a payé une partie de son rachat 400 piastres. Ce qui facilita sa liberté c’est qu’il contrefaisait le boiteux depuis longtemps. Mais l’air de la mer le guérit entièrement, car quand il fut embarqué, il n’eut plus besoin de son bâton pour marcher. Il est de retour à Montoir en 1709. (Archives départementales de Loire-Atlantique - Inscrits maritimes Cote C1141*- Quartier Croisic(Le) 1700-1732 vue 122/259).
En Juillet 1706, les Religieux de la Mercy avait demandé protection à l’Alcaïd Ali Ben Abdalla pour travailler au rachat de tous les esclaves Français (200 piastres et un Maure pour chacun d’eux, un présent pour le roi et 1000 piastres pour lui) malheureusement sans succès. Il faut attendre 1711 pour que les négociations s’engagent entre le sieur de La Madeleine Consul et Alcaïd Ali Ben Abdalla et aboutissent à un accord pour une troisième mission de rachat.
Le 16 Oct 1711 c’est le départ de Paris pour Marseille des Pères de la Mercy Dominique Busnot et Robert Hardouin Mey de Valombre. Ils arrivent à Marseille le 4 novembre 1711 et repartent le 29 décembre 1711 sur le bateau du capitaine Patot, avec 23 Maures esclaves pour échange contre des esclaves Français. Ils font escale à Alicant le 4 janvier 1712, puis à Cartagene le 17 janvier et arrivent à Malaga le 30 janvier au soir. Ils logent chez un marchand français le sieur Jean Baptiste. Visite au gouverneur Dom Baltazar d’Amezaga, au consul de France Sieur Fleuri de Vareilles. Ils repartent de Malaga le 11 février 1712 à destination de Cadiz et arrivent le 19 février. Ils embarquent le 17 mars sur un grand bateau Génois à destination de Ceuta et arrivent le lendemain. Ils négocient avec l’ Alcaïd qui refuse de libérer tous les esclaves mais seulement 20. Les pères de la Mercy acceptent partent pour Cadiz afin d’y chercher l’argent de la rançon. Ils arrivent à Cadiz le 27 mars 1712 et, à cause des pluies abondantes, ne repartent que le 3 mai avec l’argent de la rançon en piastres du Pérou. Ils sont escortés par le seigneur Dom Marquès et arrivent à Ceuta le 7 mai, via Tarifa et Tolmo.
L’échange s’organise à partir du 27 avril 1712 au bord de la mer, 20 esclaves français dont Pierre CHARON de Montouër (Montoir), arrivent à Ceuta et sont logés et nourris dans le couvent. Le 19 mai 1712, départ de Ceuta en bateau à destination de Tarifa et ensuite à Cadiz en la cote de Barbarie (Île de Persil). Arrivée à Tarifa le soir et couchage au Couvent de l’ordre de la très sainte Trinité. Arrivée à Cadiz le 21 mai pour 3 mois. Départ de Cadiz le 5 septembre 1712, passage du détroit de Gilbraltar dans la nuit, sur un vaisseau Français de 12 canons et commandé par le sieur de Mezy. Arrivée à Malaga le 7 septembre 1712 pour prendre un chargement d’huile pour Marseille qui en manquait depuis les très grands froids de 1709 qui ont gelé tous les oliviers en Provence. Séjour de 15 jours logés cher le sieur Le Comte. Un des esclaves nommé Pierre CHARON de Montoüer, diocèse de Nantes n’est pas en état de reprendre la mer et reste au bon soin du sieur Le Comte à Malaga. Il y meurt quelques mois plus tard.
Au départ de Malaga pour Marseille, il nous reste 16 esclaves sur les 20 rachetés. Relâche à Alicant le 1 octobre pour cause de mauvais temps. Arrivée à Marseille le 10 octobre 1712.
En 1716, le roi du Maroc accepte la transaction du Sieur Pillet et échange 14 Gennois contre 14 Français. Parmi eux, un parisien et deux bretons rachetés 300 piastres + 1 Maure par tête. L’un de ces esclaves breton se nomme Charles JEHANAU de Montoüer (Montoir), diocèse de Nantes esclave depuis 14 ans.
Source A : Livre-Titre : « Relation de ce qui s'est passé dans les trois voyages que les religieux de l'ordre de Nostre-Dame de la Mercy ont faits dans les états du Roy de Maroc, pour la rédemption des captifs en 1704, 1708 et 1712 , par un des Pères députez pour la rédemption... » Date d'édition : 1724 - Sujet : Histoire religieuse -- Maroc -- 18e siècle - Ordre de la Mercy Identifiant : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1043791
Note 1 : René Darquistade capitaine du « Patriarche » puis Maire de Nantes
René Darquistade est né le 26 juillet 1680 et mourut le 14 janvier 1754 à Nantes. Il perdit son père à l’âge de 17 ans, alors que celui-ci avait fait faillite en 1681 dans son activité de négoce maritime. Il remboursa les dettes de son père et commença une carrière de marin (pages 30 à 32), ayant déjà mené 3 expéditions avec son père. Il inaugura sa carrière de capitaine en 1701 à 21 ans dès sa 4e expédition. C’est un peu tôt, n’étant pas fils de négociants, mais il était protégé par son armateur et parent, Joachim Descazeaux.
Sa carrière au long cours s’étale au total sur 15 années, dont 10 à naviguer. Il fait du cabotage vers Cadix et surtout des expéditions au Mexique et en « mers du sud ». Là il pratique la contrebande à l’insu des Espagnols. Cette carrière lui permettra de se former à sa future activité de négociant (tractations secrètes, maîtrise de l’espagnol, pots de vin). Elle lui permettra aussi de s’enrichir, non pas tant avec son salaire de capitaine, qu’avec le droit au « port-permis », ou droit pour les officiers d’embarquer pour leur compte une certaine quantité de marchandises qu’ils négocient (pacotilles). Avec la complicité de son armateur, Joachim Descazeaux, il se livre à des trafics « juteux », notamment sur les piastres volées aux Espagnols. Ils se soustraient en partie au paiement de l’indult (droit de 6 % sur les marchandises et métaux ramenés des mers du sud en 1709 et 1710), ainsi qu’à l’obligation de porter les métaux précieux aux hôtels des Monnaies (pages 48 à 52). Ainsi grâce à Joachim Descazeaux et à un heureux hasard, René Darquistade était devenu un homme riche en 1713 quand il arrêta la navigation.
En mai 1714, il se marie à Nantes avec Françoise Descazeaux, nièce de Joachim.
René Darquistade fut échevin de Nantes en 1718, puis maire de la ville de 1735 à 1737, puis de 1740 à 1747. Il fut aussi colonel de la milice bourgeoise.
Il acheta une charge de secrétaire du roi, maison et couronne de France de ses finances en 1737. En 1741 il acquiert une deuxième charge : lieutenant de la vénerie du roi, charge purement honorifique, « qui lui sert à renforcer sa légitimité et tenter de faire oublier une situation de parvenu » (page 140).
Son anoblissement en 1743 le fut par mérite, ce qui reste exceptionnel dans le milieu négociant nantais (page 142), motivé officiellement et principalement par ses expéditions de capitaine de navires. Dans la guerre de succession d’Espagne il a contribué à faire rentrer en France des sommes considérables. Et puis il y a ses responsabilités : au consulat, en tant que commissaire pour l’abonnement à la capitation, et surtout ses deux mandats municipaux. Officieusement, ses relations tissées jusqu’à la cour grâce à sa fortune, ont dû compter. Écuyer, seigneur de la Maillardière, il portait « d’argent au chevron de gueules, accompagné de trois trèfles de sinople deux et un ». (Source B: http://www.linieres-saint-andre.com/2016/01/)
Le premier magnolia en Europe avait été divisé en deux, dont un moitié planté dans le jardin des Plantes à Nantes, et l'autre donné au maire pour sa propriété de La Maillardière.
Le magnolia vient d'outre-atlantique lorsqu'en 1711, le gouverneur de la Louisiane, Roland Michel Barrin de la Gallissonière, expédie en Europe des espèces végétales. Elles sont débarquées au port breton de Paimboeuf et sont acheminées par la route à Nantes. Le maire de la ville, René Darquistade, qui se trouve être fin botaniste, fait mettre un échantillon en serre et quelques années plus tard, alors que la plante ne s'est pas franchement développée, décide de la jeter. La femme du jardinier qui passait par là, repère l'arbrisseau sur le tas de fumier et l'emporte. En extérieur, le spécimen ne tarde pas à retrouver une seconde jeunesse, pour le plus grand plaisir du botaniste. Il s'empresse d'en confier l'analyse à la faculté de Montpellier où un certain Pierre Magnol, contemporain de Linné et de Plumier, en fera la première description avec François Bonamy. Le Magnolia grandiflora ainsi découvert deviendra le Magnolia de Nantes aujourd'hui très répandu dans nos parcs et jardins.
Pierre Magnol (Montpellier 1638-1715), médecin botaniste français, créateur du classement des plantes par familles. On lui doit le nom du Magnolia.
Note 2 : Le Sieur Pillet de Salé
Un Renégat français Abdel-Hadi, de son vrai nom Étienne Pillet « natif des Cévennes qui était autrefois Calviniste et marchand en Barbarie », est élevé à la dignité de caïd du port de Salé entre 1682 et 1692. Il en est ensuite écarté quelque temps mais ne tarde pas à reprendre ses anciennes fonctions, moyennant d’importantes sommes d’argent versées aux soldats de la citadelle. Il fut très influent à la cour du Sultan Mûlây lsmâ’il et fut la cause de l’avanie de 1716. Destitué par le nouveau sultan Mûlày Ahmed ed-Ilehbi en 1727, il réussit, à force d’argent, à se faire rétablir dans ses fonctions de gouverneur du port et sera nommé en 1728 pacha de la ville de Salé et de son port".
Source C: Salé et ses corsaires, 1666-1727
Note 3 : Le vaisseau « Le Patriarche »
Le « Patriarche », bâtiment de 200 tonneaux et 24 canons, appartenait à un riche marchand de Nantes, Hallay Descazeaux qui armait pour le commerce d'Amérique et pour la course, ce qui, à l'époque, signifiait la poursuite d'autres navires pour s'emparer de leur cargaison. Ces activités, autorisées ou non, en raison des divergences d’intérêts économiques de l'Espagne et de la France, faisaient l'objet de règlements fluctuants confiés à la surveillance discontinue des ministres et des officiers de Louis XIV. Il est vrai qu'il était difficile à ceux-ci d'interdire envers et contre tout un commerce si profitable en un temps de grande disette financière. En 1706, Hallay Descazeaux, satisfait du fret et des liquidités rapportés après une campagne du « Patriarche » à Vera Cruz, avait décidé de l’expédier à Buenos Aires avec le « François », un navire de 300 tonneaux et 30 canons qui, lui, poursuivrait jusqu’en Mer du Sud. Leur voyage dura près de quatre années. Le « Patriarche » était commandé par René DARQUISTADE, tandis que le « François » était confié au capitaine La Foliette Descazeaux. Dans son journal Pitouays donne chaque jour la position de son bâtiment, la direction des vents, indique les manœuvres, les escales et fait part des incidents les plus marquants.
Source D : Image du Nouveau Monde en France / ouvrage réalisé sous la dir. de Jean-Louis Augé ; préface de Jacques Limouzy ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4802381t
Note 4 : Le Sultan Mûlây lsmâ’il
Mouley Ismaël (Mûlây lsmâ’il), frère de Mouley Archi décédé en 1672 d’un accident de cheval et qui avait réuni par ses conquêtes les Royaumes des Algarves, de Fez, de Maroc, de Sous et de Tafilet et celui de son frère, lui succède dans tous les états.
C’est le début du long règne de Mûlây lsmâ’il entre 1672 et 1727, un Louis XIV marocain, qui ordonne la construction d’une somptueuse cite impériale à Meknès, capitale du Maroc alawite. Cette forte personnalité en impose aux puissances européennes comme les Provinces-Unies, l’Angleterre et la France avec lesquelles il négocie des traités de paix et de commerce. Il permet aux religieux de l’ordre de la Mercy de faire une première rédemption en 1676, puis en 1681 mais refuse celle de 1689. Le sultan Mûlây lsmâ’il dépêche des ambassadeurs et charge même un corsaire salétin de haut vol, l’amiral Ben Aïcha, envoyé à la cour du Roi-Soleil en 1698, de demander la main de la princesse de Conti qui aurait pu ainsi rejoindre son fameux harem, que décrit Charles-André Julien, ces cinq cents femmes « de toutes origines qui macéraient dans l’huile et l’oisiveté en attendant de satisfaire les désirs du maître ».
Il met la main sur Salé, dont il nomme le gouverneur, le patron du port et l’amiral.
Source : Histoire du règne de Mouley Ismael, roy de Maroc, Fez, Talifet, Souz, etc ...De Dominique Busnot